Marianne publie ces jours-ci un entretien avec Pierre Legendre à propos de son film (et livre) Dominium Mundi sur le management en tant que croyance. Un point de vue original et intéressant.
Pierre Legendre est à la fois historien, psychanalyste et philosophe. Depuis 40 ans, il travaille sur l’homme occidental à partir d’une idée que bien des théories sont impuissantes à expliquer le monde.
Selon Legendre, il est facile de s’indigner de la globalisation mais cela n’aide pas à la compréhension et à la réflexion.
« Dominium Mundi » veut dire littéralement « la Propriété du Monde » ou « la Seigneurie sur le Monde ». L’expression vient du droit romain, au IIe siècle de notre ère et est toujours actuelle. Elle souligne la domination de la planète par l’Occident.
Le vocabulaire du management est en grande partie guerrier, et la guerre, depuis la seconde guerre mondiale, est devenue gestion, administration, transport d’équipements, planification, enjeux financiers… La guerre est devenue bien plus qu’un « jeu » de soldat, tout comme le management est bien plus que la comptabilité.
Nous vivons actuellement le triomphe sans partage du Management et de l’économie de marché.
Selon Legendre, le but apparent du management est :
de réunir l’humanité par le commerce pacifique. Au cœur de ce mouvement, l’idée de l’entreprise rationnelle sous le régime a-politique d’un imperium mondial des affaires. Quand je dis « a-politique », je me réfère à la prophétie de la philosophie positiviste au XIXe siècle : « La société ne sera plus gouvernée par les hommes, mais par des principes».
Dans notre civilisation, on peut trouver un des ancêtres du droit des sociétés commerciales dans le cheminement paradoxal de l’idéal de pauvreté des religieux franciscains : ne pas toucher à l’argent en en déléguant la gestion. Les discussions des casuistes sur la gestion de l’argent font comprendre le moralisme de la domination occidentale : l’expansion du Management a conservé, pour les Occidentaux, le caractère d’une conversion, d’une mission civilisatrice au service du Bien.
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Source: Marianne 25/12/2007 (lire l’article)
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